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Il y aurait d’abord, peut-être, une expérience sensible, une perception, quelque chose qui se situerait avant le langage constitué ; ça ferait comme une sorte de noyau sans véritables contours, mais, à la façon d’un aimant, qui attirerait à lui des images, des sons, des odeurs, tous les morceaux prélevés d’office, jusqu’à agglomération.
Ce serait ensuite ce tas, posé là, devant soi, devant sa propre rétine (invisible aux yeux des autres), vagissant, gémissant, qu’on trimballerait jusqu’à ce qu’une manière se présente (ou : on la cherche, on la provoque, tout est bon pour faire taire le tas, on pense même pouvoir le réduire à néant), et c’est alors que les mots et leur ordonnancement se cherchent, on voudrait retrouver la sensation première, préexistante, mais on n’y parvient pas, on n’y parvient jamais, les mots sont trop peu, à côté, en-dehors, on ne sait plus les manier mais il faudrait peut-être savoir encore moins faire pour parvenir à un résultat admissible (mais comment), alors on continue, à lire, à vivre, à fomenter des petits tas stupides, à tenter vainement d’écrire puisque tout ça, c’est pareil.
Parfois on voudrait se dénoncer à l’Office des Petits Tas. Notre cas serait une fois pour toutes réglé, hop, gros groom, goulag des mots (fin sans suite).
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